
Date de publication : 25/06/2025
Par Marion Braida
Le trouble du stress post traumatique, on en entend parler, sur les réseaux, dans les médias, dans les couloirs de l’école, au travail … mais sait-on réellement de quoi il s’agit ?
Il est en fait une forme particulière du psychotraumatisme. Nous noterons que toute personne souffrant de psychotraumatisme ne développe pas nécessairement un TSPT, ce dernier fait l’objet d’un diagnostic clinique bien précis.
Pour commencer, il est pertinent de revenir sur ce qu'est un psychotraumatisme. Nous pouvons retrouver une liste non exhaustive de types de psychotraumatismes: les violences conjugales, les trauma des 1000 premiers jours, les maltraitances infantiles, les accidents de la route, les guerres/attentats, prises d'otage, réfugiés, le harcèlement, les agressions sexuelles/viols, les catastrophes naturelles, les traumatismes de l'attachement etc.
La psychotraumatologie connait un essor important depuis quelques années, car la parole des victimes s'ouvre, car les études avancent et permettent de mieux comprendre et de mieux alerter.
Lorsqu'un psychotraumatisme se présente, le cerveau tenter divers mécanismes pour s'en protéger (ex: fuite ou combat). Seulement, la sidération face à l'évènement est parfois si intense qu'elle finit pas nous dépasser, les mécanismes de dissociation peuvent apparaitre à ce moment là (le cerveau tente une déconnexion tant le danger est trop intense).
Après cette étape difficile (parfois on ne se rend pas compte qu'elle l'est car on est "anesthésié-e"), la victime va pouvoir rebondir en construisant ou en sollicitant des ressources diverses ( c'est ce que l'on va nommer résilience). Parfois, les ressources ne sont pas suffisantes et le risque de développer un trouble du stress post traumatique est élevé.
Dans cet article, je vous emmène donc à identifier les symptômes présents lors de l’identification du trouble, ce qui permettra de mieux identifier les conséquences du TSPT.
Le DSM-5 ( manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, cinquième édition, 2015) nous emmène donc au diagnostic grâce à divers critères:
Il s’agirait, pour un adulte ou un enfant de plus de 6 ans, d’avoir été exposé et confronté à la mort ou menace de mort, à une violence d’ordre physique ou sexuelle.
La personne peut être la victime directe ou le témoin d’un ou plusieurs événements traumatisants.
Elle peut aussi avoir entendu une histoire de violence ou d’accident violent qu’un proche a subi.
La forme de répétition peut également être facteur du déclenchement du trouble, par exemple: des comportements maltraitants d’une figure d’attachement durant l’enfance.
Quelques symptômes apparaissent après les événements d’exposition traumatique:
• Des souvenirs de l’évènement ( ou des événements) envahissants, répétitifs incontrôlés et involontaires.
• Des rêves/cauchemars dans lesquels des contenus de(s) l’événement(s) et/ou des émotions sont présents et provoquent des sentiments désagréables ( détresse, dégoût, effroi…).
• Des « réactions dissociatives » à travers lesquelles la personne peut se sentir en insécurité et agit comme si l’événement traumatique se reproduisait.
• Présence d’une détresse importante si un ou plusieurs stimuli similaires à l’événement sont présents. Les réactions - réponses peuvent sembler inadaptées.
• Évitement ou tentative d’évitement des stimulus similaires à l’événement ( personnes, lieux, activités …).
• Évitement ou tentative d’évitement des schémas de pensées et émotions liés de près ou de loin à l’événement.
Les fonctions cognitives et l’humeur peuvent aussi être altérés suite à l’événement ou s’amplifier après l’exposition au traumatisme:
• amnésie dissociative et traumatique ( en dehors d’un choc crânien ou des consultations de toxiques).
• Croyances limitantes et négatives vis à vis de soi ou des autres. L’image de soi est fondamentalement affectée et le regard porté sur les autres et l’environnement est différent, sensiblement modifié par les émotions désagréables et la dérégulation de l’humeur.
• Les pensées liées à l’événement traumatique peuvent être redirigées: les causes et les conséquences sont réatribuées.
• État émotionnel négatif persistant dans le temps : de la colère, de la honte, de la culpabilité, de la tristesse, de la peur, de l’irritabilité …).
• Diminution ou arrêt des actions ou activités plaisantes avant l’événement(s) traumatique(s).
• Sentiment de non appartenance, de détachement, d’être étranger pour les autres.
D’autres symptômes et comportements qui affectent grandement le quotidien de la personne traumatisée:
⁃ une Hypervigilence
⁃ Une auto destruction
⁃ Irritabilité persistance et tension
⁃ Réaction de sursaut
⁃ Difficulté à la concentration
⁃ Troubles du sommeil
⁃ Déréalisation (perte de contact avec la réalité)
⁃ Dépersonnalisation ( sentiment d’être détaché de soi, comme en dehors de son corps, que les choses se passent différemment, plus lentement).
Tous ces critères doivent être présents depuis plus d’un mois et corrélés avec le ou les événements traumatisants ( en dehors des prises de toxiques, médication et infection).
Le TSPT est donc un diagnostic clinique précis qui décrit un ensemble de symptômes persistants et alertant fortement la vie quotidienne de la personne qui y est confrontée.
La personne qui souffre d’un trouble du stress post-traumatique peut se retrouver confrontée à dans des situations complexes dans la vie sociale (repli sur soi, difficultés pour accorder une confiance, tentative d’évitement), la vie professionnelle (en rapport aux sphères cognitives et à l’humeur altérée), vie familiale, santé physique, santé mentale…
Chaque TSPT, comme pour les autres troubles, est ressenti et vécu différemment par les individus qui ont reçu un diagnostic.
De la même façon, ce n’est pas le degrés de gravité de l’événement qui emmène l’appairâtion du trouble mais bien la façon dont la personne se sent affectée.
D’autres facteurs sont à prendre en considération:
L’historicité de chacun;
L’épigénétique et le facteur biologique;
Les facteurs psychologiques;
Facteurs sociaux et environnementaux;
Facteurs neuro biologiques;
Impact culturel et contextuel
➣ Ces facteurs interagissent de façon complexe et prédispose la personne à survivre ou non à un épisode traumatique, ce qui pourrait la mener vers ce trouble du stress post-traumatique.
Qu’en est-t’il de l’accompagnement?
Si vous reconnaissez certains des symptômes cités dans l’article, contactez un professionnel de la santé mentale pour en discuter: psychiatre, psycho-analyste clinicien/ psychologue, infirmier spécialisé …
Le diagnostique final se fait auprès d’un psychiatre.
Par la suite, plusieurs alternatives sont possibles:
Il est essentiel (mais pas obligatoire) d’être accompagné en psychothérapie. Vous choisissez le praticien qui vous convient et les outils avec lesquels vous êtes le plus à l’aise, recommandés dans les accompagnements des TSPT: hypnose, art-thérapie, EMDR, thérapie psycho-dynamique, groupes de parole…
Un accompagnement médical est possible. Dans ce cas, il est important d’avoir un suivi régulier avec le psychiatre qui vous prescrit le traitement. Ce dernier peut être combiné avec la psychothérapie.
D’autres approches se veulent être d’un grand soutien en complémentaires: la thérapie familiale et systémique, la psychogénéalogie, la sophrologie, la pratique sportive…
Bibliographie:
DSM 5 -Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux - 5° édition, 2025.
©Sebastian Sørensen