Date de publication : 23/07/2025
Par Marion Braida
Le mal-être, qu’il se manifeste sous forme d’anxiété, de stress, de dépression ou de troubles émotionnels, peut avoir de nombreuses causes. Si l’on pense souvent à des facteurs individuels comme le travail, les relations sociales ou les traumatismes personnels, on sous-estime parfois l’impact profond du système familial.
Notre famille d’origine joue un rôle clé dans la construction de notre identité, notre vision du monde et notre manière de gérer les émotions.
Alors, et si votre mal-être prenait racine dans votre histoire familiale ?
La famille est souvent comparée à un système, où chaque membre interagit avec les autres selon des dynamiques spécifiques. Ce système familial peut être porteur de bienveillance et de sécurité, mais il peut aussi être source de tensions et de souffrances.
La famille, ce microcosme relationnel peut parfois devenir un espace où se jouent des projections, transferts ou encore loyautés invisibles (car non conscientisées) donnant lieu à émotions désagréables ou même un sentiment d’enfermement.
Pour cause, dans un système familial il existe une multitude de relations qui ont des sources toutes différentes: fraternelles, parentales, conjugales …
A travers ces systèmes existent des sous systèmes, des loyautés, des secrets de familles, des tabous (bien souvent par croyance de protection).
Une empreinte familiale avant même de naitre:
La construction de l’image de l’enfant à naitre se fait bien avant sa naissance, à l’origine même du moment où il est pensé, suggéré, supposé par le parent et par la famille. Dès lors, les projections te les idéalisations projectives sont déjà mises en place.
Cet enfant, dès lors qu’il rentre dans la relation d’attachement, répond de façon inconsciente à la demande parentale et projective (correspondre à l’idéal présupposé).
L’enfant lui, va se construire durant de nombreuses années à travers une sorte de répondance inconsciente, dans laquelle il remet en jeu les schémas relationnels qu’il côtoie de près dans son foyer d’attachement (parfois dans l’objectif de remettre en mouvement pour comprendre, par loyauté ou pour apporter une solution), des comportements etc.
Dès l’enfance, nous sommes conditionnés par les normes, les valeurs et les modes de communication propres à notre famille. Certains schémas, conscients ou inconscients, peuvent avoir des répercussions à long terme sur notre bien-être psychologique.
Les rôles familiaux et leur impact
Dans une famille, chacun joue un rôle implicite qui influence son développement émotionnel, social et affectif, pour exemple:
• L’aîné responsable
• L’enfant rebelle
Le médiateur etc.
Ces rôles sont importants car ils permettent de donner une « place » à chacun mais parfois ils mettent en souffrance car bloquent les enfants/ les personnes dans une dynamique qui leur « colle à la peau ».
Les blessures émotionnelles héritées du système familial
Notre famille peut nous transmettre non seulement des valeurs et des traditions, mais aussi des blessures émotionnelles. Celles-ci peuvent être conscientes ou inconscientes et influencer nos comportements et nos relations tout au long de notre vie. Comme vu plus haut, les relations sont ornées de projections inconscientes et de transferts.
Parfois, nos réponses émotionnelles viennent de nos histoires personnelles respectives et parfois elles sont d’ordre familiales ou transgénérationnelles et répétitives:
En voici des exemples :
Une lignée de femmes ayant des relations toxiques avec des partenaires abusifs.
Une transmission d’une angoisse d’imperfection sur plusieurs générations.
Des conflits familiaux non résolus qui perdurent à travers le temps.
Ces schémas sont souvent invisibles à nos yeux, car ils nous ont été inculqués dès l’enfance comme des modes de fonctionnement normaux. Il y a donc conflit interne dès lors que les fonctions d’analyse remettent en cause une part d’une fonctionnement familiales dans un contexte rationnel et qu’une autre part demeure attachée émotionnellement à un principe de loyauté familiale.
Le conflit interne cause souffrance si il a un impact fort sur les pensées, l’alimentation émotionnelle (désagréable dans ce contexte), et donne des réponses en conséquences comportementales négatives ou cognitives (évitement, compensation par des toxiques, sport excessif, sur-analyse etc).
Les injonctions familiales limitantes
Certaines phrases ou croyances imposées par la famille peuvent conditionner notre façon de penser et d’agir :
• “Sois fort, ne montre pas tes émotions.”
• “Tu dois réussir pour être aimé.”
• “Les conflits doivent être évités à tout prix.”
“Dans notre famille, on ne se plaint pas.”
Ces injonctions, parfois bien intentionnées, peuvent générer des blocages, de l’anxiété et un sentiment d’insatisfaction chronique si la personne qui est exposée (l'enfant probablement) reste dans cette posture sans jamais s'en interroger.
Il est insatisfaisant pour l'entourage qui "y voit clair" de trouver un membre de la famille dans une posture enfermante. Il est donc essentiel pour moi en tant que Psycho-Analyste Clinicienne, de rappeler que chacun avance à son rythme, il n'est pas donné à tous de se rendre compte de sa souffrance, n'y d'y remédier!
Les loyautés familiales invisibles
Certaines personnes ressentent un attachement inconscient à la souffrance d’un parent ou d’un ancêtre, comme si elles devaient porter un fardeau qui ne leur appartient pas. Ce phénomène est souvent observé en psychogénéalogie (l'outil analytique et systémique qui étudie l’impact des héritages familiaux sur notre bien-être, en psychothérapie).
Alors cette approche vous emmène à :
-> Prendre conscience des schémas familiaux
L’une des premières étapes consiste à identifier les schémas qui influencent notre vie. Pour cela, il peut être utile de :
• Réfléchir aux messages que nous avons reçus dans l’enfance.
• Observer les dynamiques répétitives dans notre famille.
• Noter les émotions que certains souvenirs familiaux font remonter.
-> Apprendre à se détacher émotionnellement
-> Travailler sur vos blessures intérieures
-> Créer votre propre chemin
• Affirmer ses besoins et ses envies sans crainte du jugement.
• Construire des relations saines basées sur son propre équilibre.
• Se donner le droit d’être heureux, même si cela signifie s’éloigner de certaines traditions familiales.
© Daria Obymaha