
Date de publication : 23/06/2025
Par Marion Braida
L’art-thérapie est une approche thérapeutique qui utilise la création artistique pour améliorer le bien-être global de la personne qui rencontre des difficultés (troubles alimentaires, psycho traumatismes, troubles des etc.).
Cet outil connaît un essor important ces dernières années. Si son efficacité était initialement appuyée par des observations cliniques, les neurosciences permettent aujourd’hui de mieux comprendre les mécanismes cérébraux en jeu. En associant art et science, elles offrent des explications fascinantes sur les bienfaits de l’art-thérapie.
Qu’est-ce que l’art-thérapie ?
L’art-thérapie est une méthode d’accompagnement qui utilise des activités créatives – peinture, dessin, sculpture, musique, danse ou écriture – pour aider les patients à exprimer leurs émotions, surmonter des traumatismes ou simplement améliorer leur qualité de vie.
Elle repose sur deux principes essentiels :
⭐︎ L’expression non verbale : Parfois, les mots ne suffisent pas pour exprimer des émotions complexes. La création artistique permet de dépasser cette barrière.
⭐︎ La libération émotionnelle : L’acte de créer active des processus internes qui favorisent l’apaisement, la réflexion et la transformation personnelle.
La thérapie par la création permet souvent de se rapprocher de l’inconscient pour travailler les fondements et les causes, des maladies, troubles ou autres, tout en confortant le renforcement des ressources.
Les bienfaits de l’art-thérapie : ce que nous disent les neurosciences
L’art et la plasticité cérébrale
Les neurosciences ont démontré que le cerveau est capable de se « remodeler » tout au long de la vie grâce à la neuroplasticité. L’art, en stimulant plusieurs régions du cerveau, contribue à ce phénomène :
• Le cortex préfrontal, associé à la planification et à la régulation des émotions, est activé pendant le processus créatif.
• Les régions motrices sont sollicitées lors de gestes précis comme peindre ou sculpter.
• Les circuits de la récompense (dopaminergiques) sont activés lorsque la création artistique procure plaisir ou satisfaction, favorisant un sentiment de bien-être.
Ces mécanismes participent à la restructuration des réseaux neuronaux, notamment après un traumatisme ou dans des pathologies comme la dépression.
Le sujet exposé, qui peut parfois être évoqué par l’art en corrélation avec le stress, vient jouer sur le cortisol en engageant la diminution des sensations désagréables du stress.
La thérapie par l’art ce n’est pas seulement un travail de projection de la souffrance. Elle permet d’apprendre de soi, comprendre les facteurs qui ont menés au(x) trouble(s) et retravailler les schémas obsolètes et comportements, tout en incluant les émotions.
La régulation des émotions
La création artistique agit directement sur le système limbique (centre des émotions dans le cerveau).
-> L’amygdale, impliquée dans la gestion de la peur et du stress, voit son activité diminuer pendant des activités artistiques apaisantes.
-> La libération de dopamine et de sérotonine pendant l’art-thérapie contribue à un sentiment de calme et de bonheur.
Ces effets permettent aux patients de mieux gérer des émotions comme l’anxiété ou la tristesse.
Vous l’aurez compris, dans les faits, l’art a une fonction apaisante et l’intégration de ces fonctionnalités neuronales et de régulation dans l’implication du ou des traumatismes/ troubles engendre une amélioration de l’état émotionnel global en permetant le mieux-être.
Stimulation cognitive et mémoire
Les activités artistiques renforcent les fonctions cognitives :
• Elles sollicitent l’attention et la concentration, améliorant la vigilance.
• La création engage également la mémoire épisodique, car elle mobilise des souvenirs pour nourrir l’expression artistique (l’hippocampe est aussi en cause).
Ces bénéfices sont particulièrement pertinents dans le cadre de maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer. Des études montrent que l’art-thérapie peut ralentir le déclin cognitif et stimuler des souvenirs chez les patients.
Réduction du stress et activation de la relaxation
L’art-thérapie favorise l’entrée dans un état de relaxation comparable à celui de la méditation.
• Les ondes cérébrales passent au mode alpha, signe d’un état de calme et d’introspection (aussi présent lors de la trans hypnotique).
• Comme dit plus haut, la diminution du cortisol, hormone du stress, a été mesurée après des séances d’art-thérapie, confirmant ses effets apaisants.
Art-thérapie et troubles psychologiques
1. Traumatisme et trouble de stress post-traumatique (TSPT)
Chez les personnes ayant vécu des traumatismes, l’art-thérapie aide à externaliser des souvenirs difficiles souvent enfouis dans l’inconscient.
Les neurosciences montrent que la création artistique peut désensibiliser l’hippocampe, une région impliquée dans la mémoire émotionnelle, réduisant ainsi la charge émotionnelle des souvenirs traumatiques.
2. Dépression et anxiété
En favorisant la libération de neurotransmetteurs positifs (dopamine, sérotonine), l’art-thérapie agit comme un antidépresseur naturel. Elle permet également de mieux comprendre et verbaliser des émotions complexes, facilitant ainsi le processus de guérison. Elle donne envie (En vie) de renouer avec soi, en incluant l’estime de soi via la création, le lâcher-prise (la Dé-Pression), et favorise l’espoir.
3. Maladies neurodégénératives
Chez les patients atteints de maladies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, l’art-thérapie stimule les fonctions cérébrales. Elle renforce les connexions neuronales et améliore la qualité de vie en offrant des moments de plaisir et de créativité.
Les avancées technologiques, comme l’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle), permettent de mieux observer les effets de l’art sur le cerveau. À l’avenir, ces outils pourraient optimiser les programmes d’art-thérapie en les adaptant à des besoins spécifiques. L’art thérapie est utilisée dans les séances individuelles en consultations de psychothérapie ou en groupes (résidents d’EHPAD, groupes d’aidants, groupes d’enfants, adolescents, groupes à thèmes etc).
Dans un monde où la parole peut parfois manquer, l’art offre une porte d’entrée unique vers la compréhension et la guérison, rappelant que, parfois, créer, c’est aussi soigner.
"Un jour on saura peut-être qu’il n’y avait pas d’art mais seulement de la médecine".
J. M. G. Le Clézio, écrivain
Quelques références :
- Michael Merzenich - Recherches sur le plasticité cérébrales
- Hamel, J. (2008) L’art comme médecine, Département des sciences du développement humain et social.
- Bernard Lechevalier, Hervé Platel et Francis Eustache (2010), Le Cerveau musicien.
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