
Date de publication : 23/06/2025
Par Marion Braida
Dans un monde de plus en plus numérique, les écrans font partie intégrante de la vie quotidienne de nombreux enfants.
Cependant, des préoccupations se sont élevées quant aux effets néfastes de la surexposition aux écrans, notamment en ce qui concerne le développement de l’hyperactivité et des troubles de l'attention chez les jeunes.
Dans cet article, je vous invite à explorer les impacts potentiels de la surexposition aux écrans sur les enfants et propose des solutions pour une utilisation équilibrée.
Développement neuropsychologique et besoins fondamentaux de l’enfant
L'enfant met environ sept ans pour que son cerveau soit capable de coordonner adéquatement certains gestes, comme la position du pied sur le sol.
Les connexions neuronales ne sont pas entièrement développées à ce stade.
Durant les premières années de sa vie, il est grandement confronté à des perturbations psychologiques, physiologiques, cognitives, sociales et émotionnelles. L’enfant est donc suffisamment occupé à découvrir, trouver son équilibre social (ceci nécessite le passage par des stades pulsionnels pour s’individualiser) et physique (le corps dans l’espace, proprioception, manipulation des objets), apprendre et jouer (activité centrale du développement).
Dans ces années ci, l’enfant matérialise sa place, sa relation aux autres grâce à sa réalité, son imagination et son rythme.
Les écrans, induisent que l’enfant soit immobile ( grande diminution moteur et de l’acquisition de l’espace), happé par des images qui passent à une allure très rapide ( beaucoup plus rapidement que le temps réel et le rythme de l’enfant), à travers lesquelles la créativité n’est plus exprimée puisque exposée ( l’enfant ne mobilise pas sa propre créativité).
Le développement de l’hyperactivité et trouble de l’attention
Stimulation excessive : les écrans, tels que les smartphones, les tablettes et les ordinateurs, fournissent une stimulation visuelle et auditive intense. Cette surcharge peut entraîner une hyperactivité, une impulsivité et une incapacité à se concentrer.
Altération du développement cognitif : des études montrent que la surexposition aux écrans durant la petite enfance peut interférer avec le développement cognitif, affectant les fonctions exécutives comme la mémoire de travail, la planification et le contrôle des impulsions. Cela peut augmenter le risque de développer des troubles de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH) plus tard dans la vie de l’enfant.
Impact sur le sommeil : l'utilisation excessive des écrans, surtout le soir, perturbe la production de mélatonine, l'hormone qui régule le cycle veille-sommeil. Un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité peut aggraver les symptômes d’hyperactivité et de TDAH.
Modèles de comportement : Les enfants imitent souvent les comportements qu’ils voient à l'écran. Les programmes télévisés, les jeux vidéo et les médias sociaux peuvent promouvoir des comportements impulsifs et inappropriés, renforçant ces traits chez les jeunes spectateurs.
Manque d'activité physique : Passer trop de temps devant un écran réduit le temps consacré aux activités physiques et sociales, essentielles pour le développement global des enfants. Un mode de vie sédentaire peut contribuer aux symptômes d’hypéractivité et de TDAH en augmentant l'agitation (puisque le corps n’est que trop peu en mouvement devant l’écran) et en réduisant la capacité de concentration:
→ D’après les recherches de Michel Desmurget, il suffirait de 9min de télévision pour perturber les apprentissages.
Autres conséquences de la surexposition
Les risques associés à la surexposition aux écrans incluent le trouble du déficit de l’attention (TDA), l'obésité, les troubles du comportement, les maladies neurodégénératives (comme Alzheimer), les troubles visuels, le retard de langage, et des difficultés à interagir socialement.
La télévision et les jeux violents en connexion à distance peuvent également induire le « syndrome du grand méchant monde », où le monde est perçu comme plus dangereux qu'il ne l'est réellement.
Les jeux vidéos tiennent à distance les joueurs, créant l’aboutissement de l’angoisse existentielle: être avec les amis mais chacun chez soi; la cohérence sociale s’affaiblît et les comportements sociaux finissent par se désadapter.
La dépendance aux jeux vidéos s’expliquent par l’activation du système hédonique (système de récompense pour féliciter, qui libère la dopamine et renforce le besoin de réitérer les actions).
La dopamine étant surconsommée, des études montrent que l’enfant/adolescent n’arrive plus à solliciter aussi facilement ce système de récompense en dehors du jeu, ce qui peut parfois les emmener à souffrir de situations désagréables au quotidien ( le syndrome du grand méchant monde).
D’autres chercheurs ont démontré que le cerveau réagissait globalement mal à l’excès du taux de stress, en cause: la moralité cellulaire.
Des images violentes et heurtantes à répétition génèrent le renforcement des mécanismes de défense et les comportements non adaptés: mouvements violents, procrastination, refus de collaborer… et nous observons une augmentation mondiale des troubles anxieux (+ 25 % depuis une étude menée par l’Organisation mondiale de la santé).
Sabine Duflot, quant à elle, démontre par son travail une corrélation entre l’exposition aux numériques et l’augmentation des troubles anxieux.
Trouver le juste milieu
Bien que les écrans puissent offrir des avantages dans les apprentissages et le divertissement, une utilisation excessive peut avoir des conséquences néfastes, comme lues plus haut.
Voici quelques recommandations pour une utilisation équilibrée des écrans :
✩ Limiter le temps d'écran : Maximum 5 heures par semaine pour les grands enfants et adolescents, dans le cadre des loisirs sur écran.
✩ Retirer les écrans des chambres : Éviter les téléphones et les écrans à partir de 19h pour ne pas perturber la libération de mélatonine.
✩ Sélectionner les programmes : Choisir des émissions et des jeux appropriés et regarder les émissions en différé pour éviter la surcharge de stimulation et la dépendance.
✩ Favoriser les activités physiques : Encourager les sorties et les activités motrices. Le corps est un outil principal d'apprentissage, et la créativité peut naître de l'ennui.
✩ Encourager les interactions sociales : Promouvoir le temps passé avec des pairs et les activités collectives.
✩ Eviter les écrans avant l’âge de 3 ans voir 7 ans: Un enfant de 3 ans devant les écrans s’exposent à de plus grands risques.
Ne pas oublier qu’un enfant seul devant un écran reste un enfant seul.
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Références :
- Michel Desmurget
Sabine Duflo
Bruno Harlé
Josiane Jouët
Dominique Pasquier
© Andrea Piacquadio